Habitante de Vernoux, Pascale me reçoit dans sa lumineuse maison. De son parcours, elle tire une force de vie qu’elle transmet et incarne avec passion. Rencontre avec la psychologie positive faite femme !
Peux-tu te présenter ?
Tout d’abord, je suis mère de trois enfants.
J’ai adoré être maman. Je l’ai été à 100%, j’ai arrêté de travailler pour m’occuper d’eux et cela a participé à ma construction. J’ai voulu leur assurer une sécurité intérieure en leur consacrant du temps de qualité et aujourd’hui je les trouve confiants et épanouis.
Côté professionnel j’ai une formation de conseillère en économie sociale et familiale, j’ai travaillé avec des personnes en grande précarité, des sans abris, des personnes sortant de prison, d’hôpital psychiatrique, des femmes victimes de violence…Plus tard j’ai travaillé sur le lien mère-enfant avec des mères dont les enfants risquaient d’être placés, pour leur réapprendre à créer du lien.
A la naissance de mon premier enfant, j’ai eu besoin de prendre du recul avec ce travail qui était très prenant. J’ai changé de poste et je me suis installée avec ma famille dans un petit hameau en ruine à Silhac. C’était rudimentaire mais nous étions libres !
Pendant que nous rénovions le hameau, je me suis investie sur ce territoire : à la bibliothèque, en montant plusieurs projets qui faisaient sens, en faisant des petits boulots.
Au fil des années la question de l’estime et de la confiance en soi m’a de plus en plus habitée. Je me suis formée, en méditation de pleine conscience, en Communication NonViolente, et j’ai pris conscience de mes ressources personnelles à ce sujet.
J’ai monté l’association « à la bonheur », qui a pris de l’ampleur : des enseignants m’ont sollicitée, puis des écoles, pour des ateliers, des conférences, des formations.
Lors d’une formation « Coopérer par la parole, par le projet et par le jeu », je rencontre l’IREPS et de fil en aiguille je suis embauchée en tant que chargée de projets en Santé Mentale et en Compétences Psychosociales !
J’ai ensuite suivi un D.U de psychologie positive financé par l’IREPS.
Mon projet de mémoire a donné lieu au projet Vernousains Vernoux Zen, autour de cet enjeu : Peut-on améliorer le niveau de bonheur des habitants sur un territoire ?
J’avais envie que les fonds publics aillent aussi sur les territoires ruraux.
J’ai développé aussi un travail en indépendante : un accompagnement individuel pour des gens qui veulent mieux se connaître, ou qui traversent des difficultés (je suis formée à la prévention du suicide).
Je suis aussi formée à l’analyse des pratiques professionnelles et en systémie.
J’anime des ateliers de psychologie positive, à prix libre, et des ateliers pour publics spécifiques au lycée du Teil par exemple. Je propose tous les 15 jours une chronique sur la Psychologie Positive à la radio RDB.
J’envisage de créer des groupes de parents en soutien à la parentalité.
Je fais partie de l’observatoire du bien-être à l’école (OBE), qui fait du lien entre la recherche scientifique et le corps enseignant.
Quel est ton lien avec la Fourmilière ?
Depuis plus de 20 ans, j’ai vu beaucoup de projets d’écoles alternatives qui n’ont pas abouti. Quand j’ai entendu parler de la Fourmilière je me suis dit que ça allait aboutir, car il y avait beaucoup de sérieux, de compétences, de valeurs, d’expériences. Et ce n’était pas porté que par des parents.
J’ai contribué en apaisant en partie les inquiétudes des élus et des autres écoles qui vivaient une rivalité. J’ai tenté de faire du lien autant que possible. Le rejet vient de la peur et on a peur quand on ne connaît pas. Plus tu connais moins tu as peur.
Pour l’équipe, j’ai animé une formation sur les compétences psycho-sociales, avec d’autres professionnel.les du secteur, toujours dans l’optique de créer du lien et de sortir de la comparaison.
Ces compétences sont importantes à développer, elles comprennent des compétences :
cognitives : se connaître soi, la capacité à faire des choix, à résoudre des problèmes
émotionnelles : réguler son stress, prendre conscience de ses émotions et celles des autres, savoir les les exprimer
sociales : créer du lien, trouver sa juste place dans un groupe, réguler les conflits, mettre un terme de façon constructive à une relation destructrice…
As-tu un exemple d’un jeu ou exercice que tu proposes dans tes ateliers ?
Un grand classique de la psychologie positive est le journal des événements satisfaisants.
Le soir je me pose et j’écris 3 ou 5 choses satisfaisantes dans la journée. Que ce soit une toute petite chose ou grand bonheur. Repérer et noter cette chose l’ancre matériellement. Par la suite, si je traverse un moment de blues, je peux m’y ressourcer.
C’est une pratique dont on voit les effets déjà au bout d’une semaine.
Au bout de 3 semaines, ça devient une habitude en journée aussi, en temps réel.
On peut le faire en famille, au repas du soir.
Avec les enfants, je propose aussi une version coopérative des chaises musicales.
Plutôt que d’être éliminés, les enfants continuent à s’asseoir, quand la musique s’arrête, en cherchant la façon de le faire ensemble en faisant attention à soi et aux autres.
J’ai fait ça dans des classes où il y avait beaucoup de tensions. Et cela a été joyeux pour les enfants de soutenir et se sentir soutenu.e : on gagne tous ensemble. Cela renforce la confiance en soi et le sentiment d’avoir sa place dans le groupe. Notre plus grande peur primale c’est l’exclusion du groupe.
J’adore faire ce jeu sur la musique de La soupe aux choux !
Comment imagines-tu l’école de la fourmilière dans 10 ans ?
Je vois une grande école qui fait aussi collège, une source d’inspiration pour plein d’autres écoles.
Le lien avec les autres écoles, publiques et privées, se font fortifiés.
Sur le canton, il y fait encore meilleur vivre grâce à tous ces enfants qui ont grandi dans ce respect de la nature, ce soin autour du lien social. Les jeunes disséminent cela partout, et sont devenus des professionnel.les qui œuvrent pour un monde meilleur.
Où peut-on trouver tes actualités?
Une association est en train de se créer : « Les Possibles » pour prendre le relai de Vernousains Vernoux Zen.
Le site de cette association, ainsi que le mien, sont en création. En attendant je suis joignable à cette adresse : balligand.pascale1@orange.fr et au 07 68 38 81 07.
Entretien réalisé par Clémentine, parent d’élève
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