Producteurs en agriculture biologique sur la commune de Vernoux-en-Vivarais. Jérôme Lourd et Mélanie Richard proposent, selon les saisons, des plants (légumes, aromatiques et fleurs), ainsi que des châtaignes fraîches et transformées.
Pépinière depuis janvier 2023, la ferme des Cotylédons propose également des plants d’arbres et d’arbustes champêtres de proximité.
Jérôme nous accueille ce mardi 11 février pour nous parler de ces activités, mais également de son lien avec la récente plantation de la haie à la Fourmilière !
Peux-tu te présenter en quelques mots, parler de ton parcours, jusqu’à la naissance de la ferme des Cotylédons ?
Ingénieur électricien, j’ai travaillé deux ou trois ans en recherche. Avant de me rendre compte que ce n’était pas ce que je voulais faire.
Je me réoriente alors, en intégrant l’école des plantes médicinales, où je rencontre Mélanie. Je la rejoins ici, en Ardèche, pour monter ensemble un projet agricole.
Au départ, nous voulions produire des plants de plantes médicinales, pour les producteurs de PPAM (plantes à parfum, aromatiques et médicinales). Se lancer dans ce projet étant compliqué, nous débutons avec des plants de légumes et de fleurs annuelles. Activité jamais arrêtée depuis.
Puis, grâce à une opportunité qui s’est présentée, nous lançons une seconde activité en parallèle : la production et la transformation de châtaignes.
A la suite d’une formation sur les haies en 2020/2021, nous sommes recontactés. De là débute une nouvelle activité, avec la mise en place d’une pépinière ardéchoise.
Aujourd’hui, la ferme des Cotylédons ce sont donc trois ateliers ?
Oui !
L’atelier horticole, dont Mélanie est la responsable, avec la production et la vente de plants.
Les châtaignes, qu’on gère en commun.
Et la pépinière, dont je suis responsable.
Peux-tu nous en dire plus sur ces tâches réalisées en tant que pépiniériste ?
Oui ! Tout d’abord, nous récoltons les baies dans la nature, du printemps à l’automne.
Suite à cette récolte on en extrait les graines qu’on fait germer, à partir de novembre/décembre. Une fois germées, les graines sont semées dans des plaques alvéolées, en février.
Une fois le système foliaire développé, c’est la mise en terre.
Les plants pourront être déterrés en automne lorsque les feuilles tombent, puis il y a la mise en jauge dans du sable (afin de protéger les racines du gel et du dessèchement).
Enfin, en fonction des commandes, les plants sont mis en lots et livrés.
Un cycle représente donc environ un an et demi !
En quoi la pépinière des Cotylédons s’inscrit-elle comme « réponse » aux problématiques environnementales actuelles ?
Pour répondre à cette question, il faut prendre du recul : en France il y a différentes zones bioclimatiques.
Ici, en Ardèche, nous sommes à la limite entre trois zones :
- Méditerranéenne (zone sèche et aride) ;
- Massif central (influence de la montagne) ;
- Zone des Alpes.
Pour une même essence, par exemple le prunellier, venant de deux zones différentes, les plantes sont les mêmes mais elles se seront adaptées génétiquement à l’endroit d’où elles viennent. Et donc, le moment de l’année où les bourgeons débourrent, la floraison, etc. ne se fera pas au même moment : l’arbre s’est adapté aux caractéristiques de la zone.
Et c’est surtout dans ce sens qu’il est intéressant d’avoir une plante locale, plus adaptée au climat, au sol de la zone…
J’y vois aussi un intérêt pour la faune sauvage. Nombre d’espèces ont co-évolué avec les plantes endémiques qui leur servent de refuges, zones de reproduction et de nourrissement. Le chêne profite ici à plus de 300 espèces par exemple, contre une dizaine pour le robinier faux acacia.
Il y a deux mois, les enfants de la Fourmilière plantaient une haie de 27 arbres et arbustes.
Peux-tu nous expliquer ton lien avec ce projet ?
Alicia m’a contacté, après l’aval de Mathilde, pour l’aider à sélectionner les essences et fournir les plants.
Je suis d’abord venu sur le terrain afin d’étudier ses caractéristiques et prendre des mesures. Pour choisir les différentes essences, on doit se poser différentes questions : le type de sol, la luminosité, et savoir à quoi va servir cette haie.
Vient ensuite le séquençage, qui consiste à faire un plan de la plantation, pour que la haie se développe uniformément, et que chaque essence soit adaptée aux différentes zones.
On a ainsi sélectionné des essences produites dans notre pépinière, mais également quelques autres plants tels que la viorne tin et le baguenaudier provenant de pépinières partenaires.
Pour toi, en quoi ce projet de planter une haie à l’école, avec les enfants, est-il intéressant ?
Je me rends compte qu’il y a pleins d’enfants qui savent très peu de choses sur les arbres. C’est quoi les racines ? Ce grand arbre, comment était-il quand il était petit ? Avec quelle rapidité il pousse ? Les différentes variétés…
Tout ce qui a été planté dans cette haie, peut être retrouvé naturellement aux alentours. Quelle diversité !
Le projet de la Fourmilière contribue d’une belle façon à éveiller le regard des enfants sur ce monde qui nous entoure.
Comment imagines-tu la haie de la Fourmilière dans 10 ans ?
Cela dépend de plein de choses !
Du sol par exemple, de la concurrence que la forêt va faire avec les plants à proximité (lumière, système racinaire). Je ne m’attends pas à ce que tout se développe parfaitement bien. Certains plants vont peut-être mieux s’en sortir.
En tout cas, dans 10 ans, j’imagine au moins une bonne partie des plants atteindre 2 ou 3 mètres.
Comment imagines-tu la pépinière des Cotylédons d’ici 10 ans ? Des projections ?
Aucune idée ! La ferme des Cotylédons commence sa 8e saison. Et actuellement je n’imagine pas grand-chose de différent. Je ne cherche pas à avoir une ferme immense. Je pense qu’il faut arrêter de vouloir produire toujours plus.
Concernant les activités de la ferme, Peut-être celles autour de la châtaigne auront diminué, afin de se focaliser davantage sur les plantes, le végétal.
Côté aménagements, je vois un beau lieu d’accueil à la ferme, visuellement parlant, avec un jardin où les gens pourront déambuler tout en faisant leurs emplettes de plantes !
Où peut-on retrouver vos produits ?
En vente directe à la ferme !
Nos trois ateliers sont également compartimentés dans différents points de vente.
En horticulture, vous retrouverez nos produits à l’Arbre à Pain (magasin de producteurs de Vernoux) et sur les marchés de Vernoux et Lamastre au printemps.
Nos produits issus de la châtaigne se retrouvent à la Superette de Vernoux. Nous en exportons également dans d’autres régions (Grenoble, Lyon).
Concernant les plants d’arbres et arbustes, nous fonctionnons davantage à la demande, au coup par coup, et travaillons en lien avec la chambre d’agriculture, la fédération de chasse et différentes associations sur trois départements (Drome, Isère et Ardèche).
As-tu envie d’ajouter quelque chose ?
Je suis content que la Fourmilière nous ait contactés, quel chouette projet !
Entretien réalisé par Noémi et Diane, services civiques à la Fourmilière … Merci !
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