Je m’apprête à retrouver Stéphanie dans un café lorsqu’elle m’appelle pour me proposer de profiter des derniers rayons de soleil de cette journée hivernale en me donnant rendez-vous au parc.
Dans cette proposition réside une des grandes joies de Stéphanie : être dehors, en contact avec la nature.
Stéphanie, peux-tu te présenter en quelques mots?
Je suis bourguignonne d’origine et j’habite en Ardèche depuis 10 ans. J’ai su très tôt que j’étais attirée par l’enseignement. J’ai fait une licence en sciences de l’éducation, puis un master des Métiers de l’Enseignement et de la Formation Scolaire. J’ai travaillé en REP, dans (les trois cycles) des écoles d’Ardèche, et en Institut Médico-Educatif.
Avant cela, j’avais une expérience en formation BAFA, en direction d’animation et en restauration.
La classe de CP a vite été ma classe de prédilection. Je suis fascinée lorsque j’observe et j’accompagne l’entrée dans la lecture et l’écriture ainsi que la vitesse avec laquelle cela se fait. Il s’agit beaucoup de confiance en soi.
Comment es-tu arrivée à la Fourmilière?
Après la naissance de ma fille, j’ai continué à me former. J‘ai fait une formation Montessori et j’ai passé l’agrément d’assistante maternelle. J’ai ensuite cherché une école pour ma fille. Je voulais un cadre bienveillant. La première fois que je suis venue aux portes ouvertes, la Fourmilière n’accueillait pas encore les enfants de 3 ans et ne cherchait pas d’institutrice. Ma fille et moi sommes donc reparties.Pourtant, quand une chose doit arriver. Un an plus tard, une rencontre (maman de l’école) m’a parlé d’une ouverture de poste à l’école alors j’ai rédigé ma candidature tout de suite!
J’étais motivée et j’ai passé trois entretiens qui m’ont demandé de la réflexion, du travail de préparation…et de la remise en question.
...pas de regrets?
Non, ça a été un vrai choix. Les temps de préparation, qui sont importants, sont le reflet du travail de qualité que nous souhaitons proposer. Toute l’équipe est soudée et investie. La plus investie de toutes les équipes dont j’ai pu faire partie.
Je me sens chanceuse d’être là. J’ ai l’impression de rejoindre quotidiennement un havre d’émerveillements dans lequel je m’offre de prendre le temps.
Je n’ai pas de famille par ici. Le plus logique serait que je me rapproche de ma famille mais, ici, mon cœur sautille. Je me sens vivante, enthousiaste et à ma place.
As-tu d’autres passions?
J’aime apprendre. Je suis curieuse. J’ aime aussi le contact humain, car les fonctionnements de l’être humain, de ses schémas et des relations qu’il entretient m’intéressent.
J’utilise l’écriture. C’est mon mode de digestion. Par exemple, lorsque j’ai une émotion : j’écris, (je jette) et j’avance ! (rire)
Le ménage aussi ! (rire) L’ordre m’aide à me structurer. Je suis un peu tête en l’air. J’égare parfois mes affaires lorsque je fuse.
La musique et le violon. J’en fais tous les jours. C’est exigeant et ça demande de la méthode.
La danse. Ce qui pétille, qui m’enchante et me ramène à ma spontanéité en même temps qu’à mon âme d’enfant.
La Nature. Pas un jour ne passe sans que j’aille marcher.
L‘auto-réflexion. Par exemple, j’ouvre et je ferme mes journées en prenant du temps pour l’introspection.
Comment c’est d’être à la fois maman et institutrice au sein d’une même école?
J’ai le bonheur de voir grandir ma fille tout en m’adonnant à ma passion. Je me demande ce que ça fait pour mes collègues d’avoir une maman à côté! Moi, j’ai confiance en mes collègues et je m’aligne sur leur façon de faire. Je sais qu’elle est juste. Je me dis que ça ne doit pas toujours être facile pour ma fille. Par exemple, j’ai, moi-même, parfois envie d’aller chercher mon nuage de bisous!
Qu’est-ce qui te touche le plus dans ce projet d’école?
L’évidence pour moi : c’est le contact avec la nature. Ici, on se questionne en permanence sur comment faire pour aller plus loin dans ce lien. D’ailleurs, ce travail de co-construction en direction duquel s’unissent les forces de chacun d’entre nous m’émeut particulièrement.
L’effectif restreint également (en école sous contrat, j’étais plutôt habituée à avoir une trentaine d’élèves par classe) car il permet de pourvoir le réservoir affectif de chaque enfant en attentions chaleureuses. C’est aussi plus confortable pour accueillir ce qui arrive ainsi que chacun où il en est. Les enfants ont une telle motivation. C‘est «léger»; facile. On peut donner vie à nos impulsions, leur transmettre ce qui nous ravit.
J’aime tous les petits rituels qui créent de la connivence, du lien, et le fait de rendre les enfants responsables en les invitant à mettre du sens sous chacune de nos actions.
Si tu imagines la Fourmilière dans 10 ans …?
Je vois…Michelle et sa salopette! [la directrice bénévole]
Et, peut-être, certain·es de nos grand·es élèves actuel·les à notre place. [sourire]
Entretien réalisé par Clémentine, parent d’élève
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