Clarinda est intervenante danse bénévole à l’école, une fois par mois elle anime un atelier pour les élèves.

Rencontre avec une personne riche de son parcours, et de ses valeurs…

Peux-tu te présenter, parler de ton parcours ?

Si j’avais un seul mot à garder de tout ce que j’ai fait, ce qui a été le plus important c’est : pédagogie.

C’est pour moi l’échange et la transmission à l’autre.

Pendant 10 ans, de mes 15 à 25 ans, j’ai enseigné la danse. Puis de mes 45 à mes 60 ans, j’ai enseigné le commerce. Dans une approche non-capitaliste je précise ! (rires).

Entre ces deux périodes j’ai repris des études, été au chômage, eu des enfants, travaillé en entreprise…bref j’ai beaucoup appris.

Parlons de la danse puisque c’est ce que tu viens partager avec les enfants de la Fourmilière…

J’ai commencé à 5 ans, par de la danse classique. Puis, ado, j’ai fait de la danse jazz. A l’université je suivais des cours pour les professionnel.es en jazz et en contemporain. J’étais à Paris et j’ai travaillé avec 3 compagnies. C’étaient les années 80, une période de pleine effervescence pour la danse contemporaine.

Une chorégraphe avec qui j’ai travaillé m’a beaucoup marquée : Martine Harmel. Je me souviens de répétitions dans un ancien moulin en plein Paris, en hiver, il faisait 3° ! Nous répétions un spectacle qui a joué à Beaubourg.

Comment transmets-tu la danse aux enfants ?

La danse, je la vois comme un sport et un art en même temps. Il y a le côté sportif avec la notion d’entraînement, de performance et d’objectif ; et l’aspect artistique : le lien avec la musique, la possibilité d’exprimer à la fois leur caractère, et leur humeur de l’instant.

On travaille le collectif, le fait d’apprendre à faire ensemble, en équipe.

J’aime aussi observer les différences que la danse révèle. Par exemple certain.es aiment la vitesse, d’autres la lenteur. Il y a des enfants qui, ce jour-là, veulent s’agglutiner, d’autres se repoussent.

L’atelier leur permet d’exprimer tout cela, et de dire à l’enfant : « tu as le droit de le faire, de le ressentir, et nous pouvons le voir et l’entendre ».

C’est gratifiant et magique de voir les enfants s’approprier ce que je propose, et même d’aller plus loin. Je leur dis « vous pouvez faire un peu différemment de ce que je propose », pour ouvrir l’espace de leur créativité.

Tu parlais de l’importance de la pédagogie dans ta vie…

Oui, je suis animée par la recherche de ce qui déclenche la motivation d’une personne, chercher avec elle son moteur et comment tracer son chemin unique.

Comment es-tu arrivée à la Fourmilière ?

Je venais l’été en Ardèche depuis quelques années. Lorsque j’ai cessé de travailler, je me suis installée à Vernoux et j’ai cherché un endroit pour danser.

J’ai vu une affiche du mercredi des Blaches [événement culturel qui avait lieu aux Blaches site de l’école], et je suis allée rencontrer Mathilde [la propriétaire].

En arrivant sur le lieu j’ai vu le filet et je me suis dit « c’est quoi ce truc, c’est pour des animaux ? » (rires)

Ah oui, tu as vu la clôture qui délimite l’espace de récréation ! Ces animaux c’étaient les fourmis !

Oui ! Mathilde m’a expliqué, je suis allée voir le site, et je me suis proposée comme bénévole.

Qu’est-ce qui te parle dans le projet de la Fourmilière ?

La Nature évidemment.

La transition, c’est une notion passionnante. Dans tous les domaines. C’est un moment charnière, et l’incertitude qu’il génère est compliquée mais motivante.

Le côté bilingue, international. C’est porteur d’espoir.

L’ouverture et la diversité.

Le travail en équipe : par exemple après les ateliers danse on se fait des retours avec Juliette et Shelby [membres de l’équipe pédagogique], parfois avec les enfants quand on a le temps, c’est très enrichissant. Et pendant les ateliers, elles aident à mobiliser et concentrer les enfants.

Comment imagines-tu la Fourmilière dans 10 ans ?

Elle existe toujours et elle a un contrat avec l’État !

J’imagine un cœur de fourmilière et des fourmis qui vont essaimer. D’autres expériences de ce type un peu partout, en lien avec la nature et la diversité.

Entretien réalisé par Clémentine, parent d’élève